Saint Vincent Ferrier († 1419)
Il est né à Valence, en Espagne. Il entre à 17 ans chez les Dominicains, il étudie à Barcelone, puis à Toulouse. Il est ordonné prêtre en 1378. Dès le début, on remarque son talent de prédicateur et il est nommé aumônier du roi d’Aragon. A ce poste, il est appelé à arbitrer des conflits.
Intervention dans le Grand schisme
La déchirure dans l’Église partagée entre deux papes, l’un résidant à Rome, l’autre résidant en Avignon, va marquer profondément Saint Vincent Ferrier entre 1378 et 1417, date à laquelle cessera le schisme. Il oeuvre pour restaurer l’unité de l’Église.
En 1378, un pape est élu à Rome sous le nom d’Urbain VI. Les cardinaux prétendent avoir cédé à la pression populaire et certains d’entre eux, réunis à Avignon vont élire Clément VII. Vincent Ferrier se prononce pour Clément VII et il entraîne dans son sillage le roi d’Aragon et de Castille.
A la mort de Clément VII, c’est Pierre de Lune, un ami de Vincent qui est élu pape sous le nom de Benoît XIII. Il appelle Vincent près de lui à Avignon. Vincent aimerait que les deux papes, celui de Rome et celui d’Avignon, se désistent volontairement afin que l’unité de l’Église soit restaurée. Il n’est malheureusement pas écouté et on aboutira à l’élection d’un troisième pape en 1409. En 1414, un Concile se réunit à Constance pour mettre fin au schisme. Comme Benoît XIII refuse de se désister, Vincent condamne l’entêtement de son ami qui finira sa vie seul. L’unité est restaurée en 1417.
Vincent Ferrier Apôtre
Déçu par le refus de Benoît XIII de se démettre de sa fonction, Vincent avait décidé de se consacrer à l ’apostolat: il évangélise la Provence, le Dauphiné, la Suisse, l’Espagne, il essaie de rencontrer des juifs et des musulmans. Il défend avec ferveur le dogme de l’Incarnation. Il va passer les dernières années de sa vie en France, particulièrement en Bretagne. Il se nomme le « galérien de Dieu »: « je ne suis qu’un pauvre vieux brisé qui n’en peut plus, qui ne sait rien ou plutôt qui ne sait que son ignorance et sa lâcheté. Donnez-moi la grâce de me rendre compte de plus en plus que je ne suis rien et que vous êtes tout ».
Dans ses déplacements, il est suivi par une centaine de disciples; aux haltes, il prêche, il confesse, il célèbre la messe. Le soir, dans une chambre mise à sa disposition, il prie longuement et s’accorde très peu de repos. Il passe par Albi, Lyon, Dijon, Bourges, Angers et arrive en Bretagne où il a été mandé par le Duc. Si le duché est relativement calme, la situation spirituelle est cependant assez désastreuse. Les anciens monastères bénédictins connaissent une période de déclin, tandis que les ordres nouveaux, Franciscains et Dominicains, ne sont pas encore installés.
Vincent arrive à Vannes le dimanche des Rameaux 1418. Les notables s’avancent à sa rencontre. Devant, on a mis les malades, les infirmes et plusieurs guérisons ont lieu. Il prêche sur la place des Lices. Il va ensuite à Rennes, à Caen, à chaque étape on relate des miracles. Il passe par Bayeux, Coutances, Avranches, ces villes ont beaucoup souffert des luttes contre l’Angleterre, elles sont souvent privées de la présence de leur évêque. Il revient en Bretagne, entre une nouvelle fois à Vannes malade et y meurt le 5 avril 1419.
Le culte de saint Vincent Ferrier
Il fut enterré à la Cathédrale, comme les espagnols revendiquaient le corps, il fallut qu’une Bulle du pape mette fin au conflit. Les miracles se multiplièrent sur sa tombe. En 1451 s’ouvre le procès de canonisation. Des personnalités religieuses se réunissent à Malestroit, Vannes, se déplacent dans les villes qu’a visitées le prédicateur pour recueillir les témoignages oraux se rapportant aussi bien aux prédications qu’aux miracles. La canonisation fut prononcée en 1455 par un compatriote de Vincent. On procéda à la reconnaissance des reliques. Des disciples ont continué l’œuvre du prédicateur, parmi eux des laïcs, comme la duchesse Jeanne de Bretagne qui forma Françoise d’Amboise. Celle-ci sera plus tard la fondatrice du Carmel à Vannes.
La tapisserie de la chapelle Saint-Vincent représente plusieurs miracles ainsi que la canonisation. Un tableau de la cathédrale montre Vincent en train de guérir un paralytique. C’est Vincent qui est représenté sur le portail de la cathédrale. On visite la maison où est mort le saint, place Valencia. L’église de l’île aux Moines conserve un buste en bois qui reproduit fidèlement les traits du saint au terme d’une rude vie d’apostolat.
d’après Pierre THOMAS-LACROIX, archiviste en chef du Morbihan.