L’intuition de saint Dominique : Une famille de prédicateurs

Les origines

Nous, dominicains, formons une famille de communautés vouées à la «sainte prédication». Notre famille a commencé en l’an 1206 lorsque Saint Dominique a fondé le premier monastère de religieuses dominicaines; Au début du nouveau millénaire, nous formons une famille diversifiée, dispersée dans le monde entier. Nous attendons avec impatience ce à quoi notre famille ressemblera au cours du troisième millénaire!

La famille dominicaine a été fondée par saint Dominique de Guzman, un prêtre espagnol de la cathédrale d’Osma. Il est né à Caleruega en 1170. En 1203, «par accident», il a commencé un nouveau ministère auquel il consacrerait le reste de sa vie et dans lequel il dirigerait de nombreux autres hommes et femmes: la prédication. Le nouvel ordre reçut le titre «Ordre des prêcheurs» (O.P. est le sigle que vous voyez après le nom d’un dominicain) et leur style de prédication itinérant fut sanctionné par le pape. La charge particulière des dominicains était de prêcher contre l’hérésie.

Afin de bien prêcher contre des hérétiques très passionnés et bien informés, les dominicains devaient bien connaître la théologie. Ainsi, l’étude est devenue la marque de fabrique de l’Ordre et le préalable à la fonction de prédication. L’activité primaire pour tous, cependant, est le fondement de la prière. On ne peut pas faire le travail de Dieu sans être en contact étroit avec Dieu. La devise dominicaine: prier, bénir et prêcher est née de l’engagement fondamental envers le ministère apostolique. Parce que les êtres humains ont besoin d’être encouragés et soutenus, la vie en communauté est devenue une priorité pour les dominicains. Ils sont sortis et ont travaillé. puis ils sont revenus à la maison et ont été renouvelés par la prière et la conversation en communauté. Les hommes et les femmes de la famille dominicaine partagent les mêmes priorités: prière, contemplation, communauté, étude, prédication.

La famille dominicaines a plusieurs branches

Dans l’Ordre dominicain, il existe plusieurs branches, qui adhèrent toutes au même objectif principal (la prédication) et aux mêmes priorités, et vivent toutes dans le même esprit et le même charisme de saint Dominique. Et tous ont produit beaucoup de saints reconnus. Ce sont des frères (frères, prêtres), laïcs, religieuses et soeurs. Bien que leurs structures soient indépendantes les unes des autres, toutes les branches sont réunies par le Maître de l’Ordre, un prêtre dominicain qui supervise toutes les branches, même celles pour lesquelles il n’a pas de compétence directe.

Pour contacter le promoteur de la famille dominicaine :

Fr. Carlos Ariel BETANCOURTH OSPINA

Les frères

Les frères, coopérateurs et prêtres, professent les voeux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. Frères et prêtres partagent une vie commune dans l’esprit et le charisme de saint Dominique et peuvent être impliqués dans divers ministères. La principale différence entre les frères coopérateurs et les  frères prêtres est que les prêtres sont également ordonnés pour administrer les sacrements. Les ministères parmi les frères comprennent la pasorale sur les campus, la prédication itinérante, le ministère paroissial, l’enseignement dans les écoles et universités, l’administration scolaire, l’éducation religieuse, la création, la formation catéchétique, le travail social, la psychologie, les soins de santé, les arts et l’entretien et l’administration d nos maisons.

Chaque frère a entendu un appel quant à son choix d’engagement. Un frère n’est pas un prêtre potentiel, mais il porte avant tout un appel à devenir un frère dominicain. Beaucoup suivent la voie de la prédication, certains sont ordonnés diacres, mais ils n’entendent pas l’appel à la prêtrise. Certains entendent l’appel à des apostolats d’hospitalité plus calmes et réconfortant pour ceux qui le cherchent, d’autres à des apostolats très actifs. Les prêtres assurent également la vie sacramentelle de l’Église. Chaque frère dominicain à sa manière exerce à sa manière le ministère de la prédication et approfondit son appel par la prière, l’étude et la vie communautaire.

Lorsqu’ils sont en mission, ou dans l’exercice de leur ministère, les frères portent souvent le simple habit blanc que leur père saint Dominique leur a transmis. C’est un là signe très distinctif de leur engagement et de leur dévouement et un symbole de l’esprit de saint Dominique, un esprit de joie, de piété et de ministère.

Les moniales

Le P. Chenu disait qu’il y a deux portes pour entrer dans l’Ordre : celle de l’appel à la vie contemplative et celle de l’appel apostolique. C’est vrai même pour les moniales. Il en est qui choisissent le monastère pour y trouver la prière continuelle, la pureté du coeur, l’attention totale au mystère de Dieu et qui découvrent ensuite par la familiarité avec saint Dominique la miséricorde et l’intense intercession pour les hommes que Dieu aime.

D’autres veulent servir leurs frères et leurs soeurs en humanité, leur ouvrir les chemins de la foi, puis découvrent qu’un des meilleurs moyens de s’approcher de cet idéal est de s’offrir tout entières dans la prière, le silence, père des Prêcheurs, sans chercher aucune oeuvre particulière sinon de « croire en Celui que le Père a envoyé ».

Par leur vocation, et telles que voulues par saint Dominique, les moniales sont le coeur de l’Ordre et mettent en lumière de façon radicale cette grâce de la contemplation qui est la source même de la vie apostolique itinérante initiée par saint Dominique. Solidaires de la mission de leurs frères prêcheurs et de celle de toute la famille dominicaine, les moniales veulent accompagner de leur prière « la Parole qui ne retourne pas à Dieu sans avoir accompli son oeuvre ». Cette contemplation s’enracine à la fois dans le silence et la prière liturgique, dans le quotidien de la vie partagée, mais aussi dans la méditation et l’étude assidue de la parole de Dieu, à la lumière des grands courants théologiques et spirituels.

Comme au temps de la  » Sainte prédication de Prouilhe », les monastères sont aussi un lieu de ressourcement et de réconfort pour les frères, soeurs et laïcs de la grande famille dominicaine. Un lieu où la Parole peut atteindre les hôtes et les amis venus chercher une lumière pour leur vie; un lieu où commence déjà la mission universelle de l’Ordre, où la souffrance des hommes, leurs larmes, leurs désespoirs sont accueillis dans le « sanctuaire intime de la compassion », c’est-à-dire dans le coeur et la prière de chaque soeur.

(Source : Duval, André. Dominicaines moniales de l’Ordre des Pêcheurs. C.I.F. Éditions, Paris. 1993.)

Pour rejoindre les moniales dominicaines à Shawinigan, QC : monastereopshawi@gmail.com

Pour rejoindre les moniales dominicaines à Squamish, BC : https://www.dominicannunsbc.ca

Les laïcs

Encore récemment, par une pieuse attribution qui remontait au XIVe siècle, on créditait saint Dominique de l’organisation d’un Tiers-Ordre de laïcs, comme si d’instinct on avait voulu englober dans son intuition apostolique, tout le peuple de Dieu. Au siècle dernier, Lacordaire écrivait dans sa Vie de saint Dominique (chapitre XVI) : « La milice de Jésus-Christ était le troisième ordre institué par Dominique, ou plutôt le troisième rameau d’un seul ordre qui embrassait dans sa plénitude les hommes, les femmes et les gens du monde… Dominique introduisit la vie religieuse jusqu’au sein du foyer domestique et au chevet du lit nuptial. Le monde se peupla de jeunes filles, de veuves, de gens mariés, d’hommes de tout état qui portaient publiquement les insignes d’un ordre religieux et s’astreignaient à ses pratiques dans le secret de leur maison ».

La description serait valable pour la fin du XIIIe siècle, époque à laquelle les historiens font remonter des sociétés de laïcs proprement dominicaines. II n’en demeure pas moins que l’Ordre des Prêcheurs a été depuis l’origine lié aux laïcs, d’une façon bien naturelle, en raison de son installation dans des villes, et pouvait leur faire une place. Il s’en trouve bien des traces dans les récits des débuts de l’Ordre: à Cologne par exemple lorsque le frère Henri y était prieur (Libellus 79 à 85), ou encore à Bologne autour du monastère de Sainte-Agnès puisque Jourdain salue dans une lettre à Diane d’Andalo « les dames et amies de la maison ».

 Poursuivant sa lancée apostolique, l’Ordre des Prêcheurs se devait de croiser le mouvement évangélique des laïcs qui, en Italie, s’organise en un Ordre de la Pénitence. Ces groupements laïcs, divisés en fraternités locales, s’adressèrent pour leurs besoins spirituels, aux nouveaux Ordres mendiants, leurs contemporains. Plus tard, selon l’orientation de leur spiritualité et de leurs affinités, leurs membres porteront un manteau gris s’ils utilisent les services des Frères Mineurs, ou noir s’ils fréquentent chez les dominicains.

Ce n’est qu’en 1285 que le Maître Général des Prêcheurs, Munio de Zamora, propose aux pénitents noirs d’entrer sous sa juridiction. Ils en recevront la législation, le directeur qui sera un dominicain, et même le prieur de la fraternité. « L’Ordre entend prendre la responsabilité de la branche laïque parce qu’il prétend l’admettre à ce qui est la grande espérance, jusqu’ici toujours déçue, des mouvements laïques : le prosélytisme évangélique ».

Dans ce but, les pénitents qui jusqu’ici, par humilité et pour l’exemple, prenaient le genre de vie des pécheurs publics repentis, et s’adonnaient aux oeuvres de charité, devront témoigner du goût de la vérité, propre à l’Ordre des Prêcheurs au XIIIe siècle. La Règle de Maître Munio de Zamora le précise en termes sans équivoque : « Qu’ils soient de moeurs parfaites et de bonne renommée. Qu’ils ne soient suspects en aucune façon d’hérésie, mais qu’au contraire, ils soient dans le Seigneur des fils singuliers de saint Dominique: au plus haut point remplis d’un zèle jaloux et ardent, selon leur mode propre, pour la vérité catholique ».

Les laïcs sont investis ici d’une mission d’Eglise et mis au service de la prédication de vérité, « selon leur mode propre ». Ces activités spécifiques prendront au cours des siècles des formes très variées, qu’on appelle confréries, milices ou sociétés. Certaines communautés vivront même sous une règle sans être astreintes à la clôture. Tel sera le cas à Sienne de la mantellata mystique, Catherine Benincasa. Ces Tiers-Ordres Réguliers sauront au cours des siècles entrer dans la grâce de prédication dominicaine par les oeuvres de charité et aussi, de façon privilégiée, par l’enseignement.

Nous n’avons pas de peine à admettre que Dominique n’a pas pu prévoir durant sa vie toutes les formes qui découleraient de l’intuition fondatrice d’un Ordre de Prêcheurs. Aucun ancêtre ne peut imaginer ce que deviendra sa descendance. Son ami Grégoire IX dans la Bulle de canonisation de Dominique prévoyait bien qu’après les Ordres de Cîteaux et de Flore qui avaient eu pour chef saint Bernard, les Mineurs et les Prêcheurs, entraîneraient des  » légions de frères ». Prêchant l’Evangile du Christ, tout entier donné à la Parole de Dieu, « Dominique a engendré un grand nombre de fils » (1 Corinthiens 4, 15).

La fécondité de la grâce de prédication a fait surgir dans l’histoire d’innombrables branches, tout en les reliant, en raison du service de la mission apostolique, au centre de l’Eglise. Avec ses frères, ses soeurs, les laïcs, la famille dominicaine dont le nom se décline « au pluriel » répond à l’invitation très large de l’Apôtre: « nous devons accueillir de tels hommes, afin de collaborer à leurs travaux pour la vérité » (3 Jean, 8).

(Source : Bedouelle, Guy. Dominique ou la grâce de la Parole. Fayard-Mame. 1982.)

Pour contacter le promoteur du laïcat dominicain :

Fr. André Descôteaux, o.p.

Les soeurs apostoliques

En l’année 1980, nous fêtions le sixième centenaire de la mort de sainte Catherine de Sienne: elle est vraiment l’inspiratrice et le modèle de nos congrégations missionnaires. Elle a admirablement incarné la synthèse de la vie dominicaine.

Ardente contemplative, elle fut invitée par le Seigneur à sortir de sa cellule pour soigner avec tendresse les plus déshérités parmi les pauvres de Sienne, avant de consacrer toutes ses forces à sauver l’Église en grand péril. Comme l’écrit un de ses biographes : « Elle est la fleur la plus épanouie de l’arbre que saint Dominique a planté« .

L’histoire de ces Congrégations est complexe et passionnante et remonte bien au-delà de la renaissance de l’Ordre en France après la Révolution. Comme le fait remarquer le frère Raffin (Cahiers Saint-Dominique, mars 1979), elles s’originent paradoxalement dans la branche laïque de l’Ordre. Au cours du XIVe et surtout du XVe siècle, on voit se constituer des communautés féminines de tertiaires, allant de la simple cohabitation à l’installation dans une maison régulière, avec oratoire et même église publique. Sainte Catherine, par exemple, appartient aux  » mantellate  » de Sienne. L’évolution se fera dans le sens d’une plus grande rigueur des conditions de leur vie religieuse. A la fin du XVIe siècle, les monastères du Tiers-Ordre régulier sont des monastères cloîtrés, qui ne se distinguent plus de ceux des moniales que par de légers détails d’observance. Les papes Pie V et Grégoire XIII obligeront ces soeurs à vivre en stricte clôture, comme toutes les religieuses de « voeux solennels ».

Le XIXe siècle donne un nouvel essor à la vie dominicaine féminine, après les ravages de la Révolution. Dès avant la restauration de l’Ordre en France par Lacordaire, des moniales chassées de leurs monastères se regroupent. Elles ont vécu en ces années très dures, de l’esprit de saint Dominique, alors que les Prêcheurs avaient dû quitter la France. Elles sont restées fidèles à leurs engagements et ont réussi à tenir. Les premières congrégations naissent alors certaines prennent le relais d’anciens monastères du Tiers-Ordre régulier, comme le célèbre monastère de Langres; d’autres se forment à partir de la perception de nouveaux appels apostoliques; leurs fondatrices désirent la vie religieuse et trouvent souvent chez les moniales la solide formation à laquelle elles aspirent.

Le regroupement des communautés en congrégations se fait lentement. Il est difficilement compris par les évêques il faut une nouvelle législation pour y accéder et peu nombreuses sont celles qui, au début, dépassent les limites d’un diocèse et dépendent directement de Rome. Très vite pourtant, elles vont rayonner hors de France et traverser les mers, en direction du Moyen-Orient et des Antilles, puis vers l’Amérique latine, l’Amérique du nord, la Scandinavie, l’Afrique et jusqu’au Japon et à La Réunion.

Si l’expérience de Dominique fut celle d’un homme d’Église découvrant la misère spirituelle de l’hérésie, les congrégations nées au XIXe siècle sont authentiquement dominicaines, car elles naissent de vies centrées sur l’absolu de Dieu rencontrant la misère humaine sous toutes ses formes : détresses physiques et morales. Le ferment évangélique est vraiment à l’oeuvre en ces fondatrices, sensibles aux appels de la souffrance et y répondant par tout l’éventail des oeuvres de miséricorde : congrégations enseignantes, hospitalières, soignantes à domicile, accueillant des handicapés de toute sorte, avec une préférence marquée pour les plus pauvres: lépreux, prisonnières libérées, enfants et jeunes en danger, milieux ouvriers… Cette action apostolique, qu’il s’agisse d’éveil et d’éducation de la foi ou d’activités caritatives, s’enracine fortement dans la prière, à la suite de Dominique, qui passait ses nuits à prier et « avait une grâce spéciale pour les pauvres, les pécheurs et les affligés ».

On s’étonne souvent du nombre des congrégations dominicaines dont les activités semblent se recouvrir… Chacune a, cependant, sa note particulière bien définie et garde de ses humbles débuts un attachement très vif à son premier appel. A l’heure actuelle, pourtant, leur multiplication se trouve compensée par un mouvement inverse qui tend à une certaine unification. En 1956, par exemple, cinq congrégations dominicaines enseignantes ont fusionné pour former une nouvelle congrégation: fait très rare, souligne le Délégué envoyé à cette occasion par le Saint Siège  » car on ne réalise habituellement semblables opérations que pour parer à des situations plus ou moins catastrophiques, alors qu’il s’agit cette fois d’une fusion de congrégations bien vivantes ». D’autres se joignent à une Congrégation plus importante.

Les fédérations nationales et continentales tissent des liens entre les congrégations et rendent possible la mise en commun de ressources pour la formation continue. Par exemple, depuis 1995 la majorité des congrégations se sont associées à un organisme de coordination au niveau mondial connu sous le nom de Dominican Sisters International.

Les soeurs des différentes congrégations sont actuellement plus de 32.000 dans le monde et leurs frères comprennent de mieux en mieux la place qu’elles occupent dans l’Ordre. Les Chapitres généraux, depuis 30 ans, se sont beaucoup intéressés aux soeurs, les stimulant dans leurs études et leur vie apostolique, encourageant leurs rencontres et leur collaboration. Le Chapitre de Manille a été plus décisif encore :

« Notre Ordre, disent les Actes, se trouve confronté à deux grands mouvements de l’Eglise et du monde : promotion du laïcat et libération de la femme. Or, saint Dominique a d’abord fondé une communauté de soeurs, avant celle des frères; peu de temps après, des groupes de laïcs. Ce sont les débuts de ce que nous appelons « Famille dominicaine ». Voici le temps favorable pour cette « famille », de réaliser une véritable égalité et la complémentarité parmi ses diverses branches.De leur côté, les soeurs ont un sentiment de plus en plus vif des liens spirituels qui les unissent à l’Ordre, un désir de participer toujours mieux à sa doctrine, à son esprit et à son zèle apostolique. Autrefois, elles demandaient beaucoup aux frères, actuellement, il s’agit plutôt de travailler « ensemble ».

(Source : Sr. Jeanne-Catherine in Dominicains,Cerf. 1980)

Pour rejoindre les Dominicaines Missionnaires Adoratrices, Beauport, QC : http://op-dma.com